Le crowdfunding, ce phénomène de financement participatif qui a révolutionné l’accès au capital pour nombre d’entreprises innovantes, se retrouve aujourd’hui à un tournant. Après une décennie de croissance ininterrompue, ce secteur a connu un recul notable en 2023. Toutefois, ce recul ne sonne pas le glas de ce mode de financement mais semble n’être qu’une ombre passagère sur la toile dynamique de l’entrepreneuriat.
Bertrand Desportes, acteur clé de cet écosystème, assure que malgré ce premier ralentissement, 2024 s’annonce sous des auspices bien plus favorables. Ses prévisions reposent sur des indicateurs concrets, notamment la popularité grandissante de l’investissement en capital stimulée par les médias, mais aussi par des dispositifs réglementaires et fiscaux incitatifs.
La professionnalisation du secteur, grâce à l’introduction du PSFP ayant mis les plateformes de financement face à de nouvelles exigences, témoigne d’une maturité croissante. Elle permet d’envisager, avec confiance, une internationalisation des échanges et une ouverture plus grande vers le financement européen.
Une dynamique positive pour les startups
Au cœur du débat, les startups ne cessent de faire preuve d’une vitalité impressionnante. Benjamin Wattinne, à la tête de la plateforme Sowefund, constate une contribution significative au financement de projets porteurs de sens. Malgré la zone de turbulences traversée par l’immobilier en 2023, principale classe d’actifs du crowdfunding, les startups ont su tirer leur épingle du jeu, enregistrant des collectes en hausse de 78 % par rapport à l’année précédente. Les données sont là, irrefutables : 267,23 millions d’euros collectés en 2023.
Cette tendance au succès des startups est plus que jamais à l’ordre du jour selon le baromètre annuel du crowdfunding. Les énergies renouvelables connaissent également un essor remarquable, bâtissant un environnement diversifié et porteur pour le financement participatif.
L’avant et l’après Qonto : une révolution dans le crowdfunding
L’année 2023 aura été marquée par ce que l’on pourrait appeler l’effet Qonto. Cette fintech est devenue la première licorne européenne à prendre la décision audacieuse d’ouvrir son capital à ses clients, avec une conséquence directe sur le secteur. Ce geste a solidifié l’idée selon laquelle le crowdfunding est un vecteur potentiel d’émancipation financière.
Les startups, de plus en plus nombreuses et matures selon Wattinne, viennent quérir sur Sowefund non seulement des fonds mais également un lien privilégié avec la communauté. C’est une reconnaissance que le crowdfunding n’est pas juste une source de capitaux mais aussi un moyen d’engagement communautaire puissant.
Les frontières européennes s’ouvrent avec le PSFP
L’agrément PSFP est synonyme d’ouverture et de conformité. L’introduction de cet agrément unique pour les plateformes européennes a imposé une rigueur et une transparence accrue. Les investisseurs bénéficient désormais d’une fiche détaillée sur les projets, constituant un gage de sécurité et de confiance pour les transactions.
Ce cadre réglementaire représente un enjeu crucial : il ne se contente pas de rassurer les épargnants mais confirme la solidité et la crédibilité d’un marché jusqu’ici perçu comme alternatif. Le contrôle accru et les obligations de reporting améliorées découlant du PSFP sont de véritables atouts pour le crowdfunding.
Les incitations fiscales : un coup de pouce à l’investissement
Le jeu de l’investissement connaît également des changements notables du côté des incitations fiscales. La réforme portée par Paul Midy s’annonce comme un accélérateur majeur. Ce renforcement des dispositifs JEI et JEIR vise à favoriser la prise de risque en faveur de l’innovation.
Avec l’augmentation substantielle de la défiscalisation potentielle des investisseurs, qui passe de 25 % en 2023 à 50 %, l’un des principaux freins à l’engagement des capitaux que représentait la fiscalité se voit considérablement allégé.
Les signaux sont donc au vert pour le crowdfunding. Le paysage financier observe une mobilisation sans précédent des acteurs, des startuppers aux épargnants, tous unis par un désir commun de voir émerger des idées novatrices et des projets d’avenir. La solidarité financière ne s’exprime pas uniquement dans les périodes fastes, mais c’est surtout lors des temps incertains que l’on reconnaît les écosystèmes les plus robustes.
Le crowdfunding n’est pas une mode passagère mais bien une composante durable de notre système financier, adaptable et résiliente envers et contre tout. Il apparaît aujourd’hui comme un outil inclusif et démocratique, essentiel à la dynamique entrepreneuriale et à l’innovation. C’est l’alignement de ces multiples facteurs qui nous conduit à anticiper avec optimisme le chemin que le crowdfunding est sur le point d’emprunter en cette année 2024.
