Quand les mots dépassent la pensée
Il n'est pas étranger à l'histoire que les mots fassent parfois le chemin inverse de nos intentions, qu'ils déraillent et prennent un virage loin de leur trajectoire initiale. C'est sur cette route sinueuse que Mme Nicole Belloubet, notre ministre de l'Éducation nationale, s'est aventurée lors d'une récente émission sur antenne nationale. Évoquant les défis de l'éducation d'aujourd'hui, elle a, sans préméditation, amalgamé les élèves en situation de handicap et les perturbateurs. Comme un cuisinier qui confondrait le sucre et le sel, la recette de la sérénité éducative s'est trouvée amoindrie.
L'ire de la foule ne s'est pas fait attendre, semblable à un orage d'été, rapide et impétueux. Associations et parents concernés se sont levés comme un seul homme, exprimant leur déception face à une comparaison jugeant lourdement inappropriée. Dans ce théâtre où la tragédie côtoyait le besoin urgent d'être entendu, les mots ont résonné bien plus fort que prévu. Mais ici, point de chute fatale ; la protagoniste, armée de son humilité, a présenté ses excuses, s'engageant ainsi sur le chemin de la réconciliation.
Un engagement renouvelé pour l’inclusion scolaire
Mais si les mots peuvent parfois fouetter, les actions ont le pouvoir de panser les plaies. D'un geste qui se veut rassurant, Nicole Belloubet a lancé le recrutement de 3 000 Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap (AESH). Si cela pouvait être dessiné, on imaginerait des milliers de mains tendues vers ces jeunes qui aspirent simplement à naviguer dans l'océan de savoirs, sans craindre la tempête ou les remous.
À l'image d'un architecte restaurateur, la ministre cherche à réparer les brèches avec des pierres solides et durables, consciente qu'une école est un édifice à l'équilibre fragile. Chaque AESH est un pilier supplémentaire, une fondation vivante pour un monument dédié à l'éducation inclusive. Ils arpentent les couloirs du savoir, veillent sur les rêveries et les potentiels, souvent méconnus ou sous-estimés, de ceux qu’ils aident. Signalons leur importance, eux qui sont la charnière entre l’exclusion et la participation, entre l’échec et la réussite.
Dans cet espace qui est le mien – et le vôtre par votre fidèle attention – il convient de tisser les nuances de ce qui a été et de ce qui adviendra. Les mots de Nicole Belloubet ont certes franchi une limite, mais en bâtisseuse de ponts, elle a esquissé un pas de plus vers la rive de l'inclusion. En attendant l'épanouissement des promesses de ce soir d’avril, il nous reste à observer, avec espoir mais sans aveuglement, la transformation de ces mots en actes concrets. Un avenir où chaque enfant aura sa place et ses chances dans le grand livre de l'éducation, voilà le rêve à atteindre. Tous ensemble, enseignants, parents, AESH et élèves, nous pouvons tisser une trame plus solide dans la toile de notre système éducatif, dans le respect et la valorisation de chaque individualité.