La philosophie, un rite de passage incontournable
Imaginez un marathonien, qui, avant de s'élancer sur la piste, choisit de s'échauffer l'esprit plutôt que les jambes. Voilà l'image qui me vient à l'esprit quand je songe aux lycéens français abordant leur premier grand défi du baccalauréat : la philosophie. Cette discipline, souvent crainte et parfois incomprise, offre une scène où chacun va jouer sa première partition dans la symphonie du bac.
Il me semble qu'hier encore, Voltaire et Rousseau murmuraient aux oreilles de nos aïeuls dans ces mêmes salles de classe qui vibrent aujourd'hui au rythme des pensées de Camus ou de Nietzsche. La tradition veut que la philosophie lance le bal. Combien de jeunes se sont-ils découvert une passion, après des heures de lutte acharnée avec ces concepts aussi insaisissables que l'éther? Et pourtant, l'importance de cette épreuve va bien au-delà d'une sempiternelle querelle entre l'être et le néant, car elle façonne l'esprit critique, ce bien si précieux dans notre société moderne.
Entre dissertation et commentaire, un choix stratégique
Faites un choix, messieurs-dames : une dissertation aux allures de cathédrale, dont vous êtes l'architecte, ou un commentaire de texte, plus semblable à la restauration minutieuse d'une fresque ancienne? C'est là toute la tactique de l'examen. D'un côté, la dissertation, formidable gymnastique intellectuelle, requiert une maîtrise d'orfèvre pour assembler des idées en un discours cohérent. De l'autre, le commentaire exige une perspicacité de détective pour déceler et restituer la quintessence du texte.
À titre d'exemple, Jean, un élève que j'ai rencontré au détour d'une de ces salles de classe, m'a partagé son appréhension : « Aborder la dissertation, c'est comme partir en haute mer sans carte, alors que le commentaire, c'est naviguer le long des côtes, avec des repères solides ». La métaphore maritime illustre bien les opportunités et les risques que peut entraîner le choix du candidat.
Dans l'arène du savoir, la langue de Socrate ne fait pas simplement acte de présence, elle forge des gladiateurs, équipés pour affronter les épreuves encore plus redoutables de la semaine. Que l'on perce ou non les mystères de la raison et de l'existence, cette joute philosophique reste un rite de passage, une marque indélébile dans la vie d'un jeune Français en devenir.
Ceux qui triompheront de la dialectique de la raison et de la passion auront déjà remporté une première victoire, celle de l'audace et de la pensée autonome. Que la réflexion soit votre boussole, chers lycéens, et que la sagacité illumine votre plume! La philosophie vous lance le premier défi ; le reste n'est que continuation de ce dialogue entre vous et le savoir. Toutes mes pensées vous accompagnent.