La face cachée de l’innovation : promesses, illusions et réalité

La machine à fabriquer les promesses du capitalisme

Franck Aggeri, professeur de management, soulève une question cruciale et dérangeante : les modèles d'innovation contemporains sont-ils réellement adaptés aux défis auxquels notre société doit faire face aujourd'hui ? Dans un monde en perpétuelle évolution, il est indispensable de questionner cette notion centrale du progrès que nous associons si souvent à l'innovation.
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L'illusion des promesses capitalistiques

Observons d'abord comment l'innovation est souvent présentée comme la solution à tous nos problèmes. Les start-ups promettent monts et merveilles avec leurs technologies révolutionnaires, les multinationales vantent leurs nouveaux produits qui changeraient notre vie et les gouvernements investissent massivement dans la recherche et le développement pour soutenir la croissance économique. Mais la réalité est parfois moins reluisante.

Le capitalisme financier a une tendance exacerbée à opérer des innovations qui sont déconnectées des véritables besoins sociaux et environnementaux, nous explique Aggeri. Prenons l'exemple des smartphones, ces merveilles technologiques qui sortent avec de nouvelles fonctionnalités tous les ans. Mais à quel prix ? Derrière ces innovations se cachent des cycles de consommation rapide, des montagnes de déchets électroniques et des conditions de travail souvent déplorables dans certains pays producteurs.

Les innovations d'aujourd'hui sont trop souvent orientées vers la rentabilité financière à court terme. Elles servent les intérêts des actionnaires avant ceux de la société tout entière. Fabriquer des gadgets connectés, des voitures autonomes ou des drones de livraison, c'est bien, mais est-ce vraiment ce dont notre planète a le plus besoin ?

Vers une innovation sobre et résiliente

Aggeri propose une refonte totale de notre paradigme d'innovation, en arguant pour une sobriété ciblée, qui non seulement réduirait notre empreinte écologique, mais permettrait aussi d'utiliser les ressources de manière beaucoup plus efficace. Pensez à l'innovation comme à une cuisine. Actuellement, nous jetons des ingrédients en quantité phénoménale pour produire des plats sophistiqués et souvent superflus. Ne serait-il pas plus judicieux de se concentrer sur des recettes simples mais nutritives, utilisant chaque élément de manière optimale ?

La sobriété, toutefois, ne doit pas être synonyme de régression. Il s'agit plutôt de réorienter nos efforts vers des innovations qui aident réellement à améliorer la qualité de vie tout en préservant notre environnement. Des exemples concrets ? L'agriculture urbaine qui réduit les coûts de transport et utilise moins de pesticides, ou encore les technologies de circularité qui favorisent le recyclage et la réutilisation de matériaux comme les métaux rares.

En parallèle, Aggeri insiste sur la résilience de ces innovations. Plutôt que de se concentrer sur des "coups de génie" éphémères, nous devrions viser des solutions qui perdurent, qui peuvent s'adapter aux crises. Imaginez une ville où les bâtiments sont conçus non seulement pour résister aux tremblements de terre mais aussi pour être modulables en fonction des besoins des habitants sur plusieurs décennies. C'est cette capacité à durer et à s'adapter qui importe.

La dimension de la justice : une innovation pour tous

L'autre pilier de l'approche prônée par Franck Aggeri est la justice sociale et environnementale. Aujourd'hui, trop d'innovations bénéficient à une minorité aux dépens de la majorité. Cette disparité non seulement creuse les inégalités, mais elle rend aussi notre société plus fragile face aux crises.

Il plaide pour des innovations dont les bénéfices soient répartis équitablement. Une énergie renouvelable qui serait accessible à tous, des médicaments essentiels produits à bas coût grâce à des procédés innovants, ou encore des outils éducatifs numériques disponibles même dans les régions les plus reculées. Les exemples ne manquent pas pour illustrer une innovation au service de l'intérêt général plutôt que des profits privés.

Mais pour que cette transformation profonde de l'économie soit possible, il est nécessaire de réévaluer nos objectifs. L'innovation ne doit pas seulement être une source de profit, mais un levier pour un développement respectueux des personnes et de la planète.

En conclusion, nous devons repenser notre conception de l'innovation, la rendre plus sobre, plus résiliente et plus juste. Cette démarche exige des changements profonds dans nos mentalités et nos politiques, mais elle est essentielle pour construire un avenir durable et équitable. Franck Aggeri nous rappelle que l'innovation, loin d'être une fin en soi, doit servir humblement le bien-être collectif et environnemental.

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