Une rentrée perturbée pour les professeurs d'EPS d'Auxerre
Lorsque l'on pense à l'éducation physique, les images de gymnases et de terrains de sport viennent à l'esprit. Pourtant, la natation occupe une place tout aussi centrale dans le programme éducatif. C'est un enseignement complexe, mais essentiel, car il peut sauver des vies. À Auxerre, depuis la rentrée, les professeurs d'EPS se retrouvent dans l'incapacité de dispenser ces cours de manière efficace à cause de changements de créneaux horaires au stade nautique. Une perturbation qui met en lumière des inégalités d'accès aux infrastructures sportives.
L'histoire commence avec une annonce inattendue : les horaires d'accès à la piscine d'Auxerre ont été largement modifiés. Ces nouveaux créneaux restreignent sévèrement la disponibilité des bassins pour les cours de natation. Imaginez une gare de province où les horaires de trains sont changés du jour au lendemain, laissant des dizaines de passagers sans solution pour se rendre à leur travail : c'est ce sentiment de frustration et d'impuissance que ressentent aujourd'hui les professeurs d'EPS d'Auxerre.
Depuis des années, ces enseignants jonglent avec un emploi du temps millimétré pour offrir à leurs élèves une éducation complète. La natation n'est pas un loisir superfétatoire : c'est une compétence vitale. Pourtant, avec les nouveaux créneaux, c'est une tâche qui devient quasi-impossible à réaliser. En guise de riposte, les professeurs ont pris la décision radicale de boycotter les séances de piscine. Un acte de défiance, mais aussi un cri d'alarme face à une situation qu'ils jugent intenable.
Des créneaux inadaptés : vers une perte d'apprentissage
La décision de modifier les créneaux horaires n'a pas été prise à la légère de la part des autorités locales. Néanmoins, elle n'a pas non plus tenu compte des besoins spécifiques des établissements scolaires. En réduisant drastiquement les heures d'accès pour les séances d'EPS, on pénalise avant tout les élèves. Prenons l'exemple de Lisa, une élève de sixième pour qui la natation est non seulement un plaisir, mais aussi un défi. Lisa n'a jamais eu l'occasion d'apprendre à nager pendant ses vacances familiales. Aujourd'hui, elle se retrouve privée de cette opportunité par des horaires incongrus, à cause de décisions qui semblent déconnectées des réalités du terrain.
L'Éducation nationale insiste depuis des années sur l'importance de l'égalité des chances. Mais comment assurer cette égalité si, par des décisions bureaucratiques, on prive des enfants de quartiers moins favorisés de leur accès à la piscine municipale ? L'école est un des rares endroits où tous les enfants, sans distinction, peuvent bénéficier d'un apprentissage complet, incluant la natation. Réduire ces opportunités, c'est creuser davantage les inégalités sociales et géographiques.
Les professeurs d'EPS, en boycotant les séances de piscine, ne cherchent pas à punir leurs élèves. Au contraire, ils alertent sur une situation critique qui risque de priver une génération entière d'un savoir essentiel. Il ne s’agit pas simplement d’éduquer, mais de sauver des vies. Face à des décisions inadaptées, leur protestation est une manière de dire : "Nous ne pouvons pas continuer ainsi."
Un dialogue nécessaire pour une solution durable
Ce boycott n’est pas une fin en soi. C’est avant tout un appel au dialogue. Rappelons que les professeurs d'EPS, tout comme les autorités locales, ont le même objectif : offrir aux enfants d'Auxerre les meilleurs outils pour leur avenir. Ce conflit doit trouver une issue par la concertation et l’ajustement des créneaux horaires pour que chacun puisse y trouver son compte.
Regardons par exemple les différentes initiatives menées par des villes similaires, qui ont su trouver des compromis pour satisfaire les exigences des uns et des autres. À Dijon, à titre d'illustration, une concertation entre les écoles et les services municipaux a permis de mettre en place des créneaux flexibles, adaptés aux besoins des établissements scolaires sans gêner les autres usagers. Cette souplesse a non seulement répondu aux attentes des enseignants, mais a aussi enrichi l’expérience éducative des élèves.
Pour les professeurs d’EPS d’Auxerre, il est crucial que leurs revendications soient entendues. Ils demandent simplement les moyens de remplir leur mission éducative. Un réaménagement des créneaux pourrait être une solution gagnante pour tous, permettant à Lisa et à tant d’autres enfants de découvrir les joies — et les compétences — de la natation.
Il est essentiel que les autorités locales et les enseignants trouvent un terrain d’entente. Restaurer un accès équitable à la piscine d’Auxerre n’est pas seulement une question organisationnelle : c’est une question de justice éducative. En reconnaissant et en respectant les besoins des professeurs d'EPS, nous assurons à chaque élève les meilleures chances pour un avenir prometteur.